L’Enfance comme modèle pour les artistes (cours à la bibliothèque Forney)

Lecture des textes écrits par les élèves au dernier cours autour des termes « Basculer« , « Bascule« , « Basculement« 

Rapport au souvenir/ à la mémoire. Capacité que l’on a à se « re-souvenir » de son enfance, pour la réactiver, ouvrir un nouvel espace de l’enfance dans l’âge adulte, en rapport avec la création : voir poèmes de Rilke.

Textes qui racontent une histoire, parfois dans un registre fantastique. D’autres qui partent d’une anecdote, d’une image, d’un souvenir.

Incongru = inhabituel, bizarre (contraire de « commun »)

galets : cailloux polis par la mer

  • Question du cours : comment passer des représentations de l’enfance par les artistes aux représentations des artistes comme des enfants ? Question de l’enfance comme modèle pour l’artiste

adjectif « enfantin » : l’art enfantin, c’est l’art des enfants ou qui imite la manière de faire des enfants

Le modèle de l’enfance pour les artistes est très important dans la modernité. Exemple d’un tableau de Courbet.

  • Tableau de Gustave Courbet : « L’Atelier du peintre. Allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique et morale (entre 1854 et 1855)

Pour une expérience « interactive » permettant de comprendre ce que représentent chacun des personnages présents dans le tableau, allez voir le site dédié créé par le Musée d’Orsay (il est à mon sens significatif qu’on n’y entende pas la voix de l’enfant, qui est pourtant central dans le tableau).

L’expression « allégorie réelle » dans le sous-titre du tableau est étonnante, paradoxale, et même oxymorique (= construite sur des oppositions, des termes aux sens contraires).

  • Allégorie = la représentation d’une idée abstraite par quelque chose de concret, éventuellement par un être vivant. Exemple le plus connu : le personnage féminin de Marianne, qui représente les valeurs de la République Française.

Voir le célèbre tableau de Delacroix, « La Liberté guidant le peuple » (1831) : la Liberté est représentée comme une femme du peuple coiffée du bonnet phrygien (qui évoque la Révolution de 1789 et les sans-culottes). Sa nudité est synonyme de victoire, puisqu’elle rappelle l’art antique grec (avec ses « victoires ailées ») et, en même temps, le fusil qu’elle tient à la main la rend actuelle et moderne. L’enfant à sa droite, armé d’un pistolet, rappelle le personnage de Gavroche (qui, dans le roman de Victor Hugo Les Misérables, fonctionne aussi comme une allégorie : celle du Peuple de Paris).

un symbole/ symboliser (verbe) : représenter par des attributs caractéristiques une idée ou une valeur

Sans-culottes : dans cette expression, « culottes » signifie « pantalon ». Les Sans-culottes désignent le petit peuple révolutionnaire sous la Révolution Française, vêtu de pantalons à rayures. Souvent représenté avec le bonnet phrygien (comme la Liberté du tableau de Delacroix), il est devenu un archétype révolutionnaire.

archétype = type, modèle ou symbole renfermant les mêmes caractéristiques, pour chacun (= universellement reconnaissables)

  • Si l’enfant du tableau de Courbet est une allégorie : de quoi ?

Le chat à côté de lui vient représenter le jeu, dont l’enfant est aussi le symbole. De l’autre côté, la femme nue est une figure traditionnelle du modèle en peinture, et on pourrait dire qu’en comparaison, l’enfant est un modèle au sens « abstrait », moderne, pour le peintre. C’est à dire qu’il lui sert de modèle non pas pour le représenter en tant qu’image ou personnage dans ses tableaux, mais pour lui-même l’imiter, s’inspirer de son attitude et de ses gestes pour les reproduire.

C’est le regard de l’enfant, associé à la curiosité et à l’innocence, que le peintre doit imiter, pour les retrouver. L’enfance ici, c’est l’absence de règles.

Sur l’enfance comme liberté et absence de règles, modèle pour le peintre, voir aussi les deux tableaux de Berthe Morisot « Les pâtés de sable » (1882) et de Pierre Bonnard, « L’enfant au pâté de sable » (1894 env.). Le sable, espace de liberté, lié au caractère éphémère des choses (=qui ne dure pas) ; le seau : moule ou modèle, que l’enfant manipule à sa guise (= comme il le veut), en construisant et détruisant indéfiniment ce qu’il crée

 

un modèle = chose ou personne qui, grâce à ses caractéristiques, ses qualités, peut être imitée ou reproduite, ou dont on peut s’inspirer pour la copier. Au sens plus spécifique, veut aussi dire : fonction de la personne qui pose pour le peintre.

imiter/ imitation : reproduire, répéter les gestes, les caractéristiques ou les œuvres d’une personne

Ce n’est pas un hasard si le poète Charles Baudelaire est représenté dans ce tableau, qu’on peut associer à la théorie développée par ce dernier dans son texte Le Peintre de la vie moderne (1885). Texte consultable ici.

Baudelaire fait dans ce texte l’éloge (= il célèbre les qualités) d’un peintre qu’il appelle « MG », et qui est en réalité Constantin Guys.

Passage du texte qui s’intitule « L’artiste, homme des foules et enfant ». Référence à une nouvelle d’Edgar Allan Poe qui s’intitule « L’homme des foules » (1840), traduite par Charles Baudelaire (qu’on peut lire juste ici).

L’homme des foules est un convalescent (= il se remet d’une maladie), qui reste assis dans un café et regarde les gens par la fenêtre.

Pour Baudelaire, c’est une figure de l’enfance. En quel sens ? L’artiste doit être « homme des foules » et « enfant », c’est-à-dire qu’il doit être perpétuellement (= toujours) curieux, attiré par la nouveauté. Il doit aussi être sans cesse « ivre » (= trouble lié à l’alcool).

« L’enfant voit tout en nouveauté, il est toujours ivre« .

L’enfant comme modèle de l’artiste qui doit s’inspirer de sa sensibilité.

« Le génie n’est que l’enfance retrouvée à volonté. »

« buffet à volonté » = repas où l’on peut manger tout ce que l’on veut.

Pour Baudelaire, l’artiste doit sans cesse réactiver en lui la sensibilité de l’enfant. C’est une sorte de prescription (=une règle à suivre ; exemple : « une prescription médicale » = des médicaments à prendre pour guérir) qu’il livre aux artistes de son époque.

Le cervelet = le cerveau

Image de l’électricité : c’est à l’époque de Baudelaire que l’invention se développe à Paris.

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