Le poète engagé 19 décembre 2024

Paroles de la chanson Préface par Léo Ferré

 

La poésie contemporaine ne chante plus, elle rampe

Elle a cependant le privilège de la distinction

Elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore

On ne prend les mots qu’avec des gants

À menstruel, on préfère périodique

Et l´on va répétant qu´il est des termes médicaux qui ne doivent pas sortir des laboratoires et du codex

Le snobisme scolaire qui consiste, en poésie, à n’employer que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, qu´ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques, me fait penser au prestige du rince-doigts et du baise-main

Ce n’est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse

Ce n’est pas le mot qui fait la poésie mais la poésie qui illustre le mot

Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s’ils ont leur compte de pieds ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes

Le poète d’aujourd’hui doit être d’une caste, d’un parti ou du Tout-Paris

Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé

 

La poésie est une clameur

Elle doit être entendue comme la musique

Toute poésie destinée à n’être que lue et enfermée dans sa typographie n’est pas finie

Ce n’est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse

Ce n’est pas le mot qui fait la poésie mais la poésie qui illustre le mot

Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s’ils ont leur compte de pieds ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes

 

Le poète d’aujourd’hui doit être d’une caste, d’un parti ou du Tout-Paris

Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé

La poésie est une clameur

Elle doit être entendue comme la musique

Toute poésie destinée à n’être que lue et enfermée dans sa typographie n’est pas finie

Ce n’est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse

Ce n’est pas le mot qui fait la poésie mais la poésie qui illustre le mot

Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s’ils ont leur compte de pieds ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes

 

Le poète d’aujourd’hui doit être d’une caste, d’un parti ou du Tout-Paris

Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé

 

La poésie est une clameur

Elle doit être entendue comme la musique

Toute poésie destinée à n’être que lue et enfermée dans sa typographie n’est pas finie

Tout le monde s’en fout!

L´art n´est pas un bureau d´anthropométrie

La lumière ne se fait que sur les tombes

 

Nous vivons une époque épique

Et nous n’avons plus rien d’épique

La musique se vend comme le savon à barbe

Pour que le désespoir même se vende, il ne reste qu´à en trouver la formule

Tout est prêt : les capitaux, la publicité, la clientèle

Qui donc inventera le désespoir?

 

Avec nos avions qui dament le pion au soleil

Avec nos magnétophones qui se souviennent de ces voix qui se sont tues

Avec nos âmes en rades au milieu des rues

Nous sommes au bord du vide, ficelés dans nos paquets de viande, à regarder passer les révolutions

N´oubliez jamais que ce qu´il y a d’encombrant dans la morale, c´est que c´est toujours la morale des autres

 

Les plus beaux chants sont des chants de revendication

 

Le vers doit faire l´amour dans la tête des populations

À l’école de la poésie, on n’apprend pas!

On se bat!

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