L’amour de la langue 01 février 2024

L’amour de notre langue française, c’est notre thème ce matin. Quel rapport charnel, passionné, sensuel, intellectuel entretenez-vous avec la langue de La Rochefoucauld, Balzac, Colette, Proust, Simenon, Dany Laferrière, Amélie Nothomb, Barbara, Booba ?

Le français, une langue réputée difficile, semée d’embûches et de chausse-trappes. Une palette subtile, un nuancier extraordinaire pour peindre les idées et les sentiments, la pensée et l’amour. La vie dans sa complexité et sa poésie.

D’où vient cette jouissance liée à la langue française ? A sa musicalité, à sa morphologie, à son histoire, à sa syntaxe, à sa grammaire, à son orthographe ou bien à son vocabulaire. Nos invités vous raconteront les raisons de leur amour fou.

Et puis, nous verrons si ce plaisir est entravé par l’extension du domaine de l’écriture inclusive qui divise les amoureux du français !

Et vous pourquoi chérissez-vous notre langue ? Partagez aussi votre point de vue sur l’écriture inclusive ! 01 45 24 7000 sans oublier l’appli France Inter et la page Facebook de l’émission.

Une langue sexy qui se réinvente en permanente

Laure de Chantal : « À l’étranger, avoir un accent français ou parler français est toujours diablement sexy. Elle a un côté un peu vieux grenier, on a une conception très historique de la langue, on garde tout, même dans l’orthographe alors qu’il y a beaucoup de pays qui ont choisi de simplifier. Nous, en français, on garde toutes les traces des étymologies latines, grecques, alors qu’on va volontiers les faire disparaître dans d’autres langues latines ».

Julien Soulié : « C’est une langue très vivante qui bouge ; des mots nouveaux arrivent, quand d’autres sont poussés discrètement vers la sortie ; certains meurent. La langue française évolue en fonction de la société« .

Une langue que la complexité des règles rend terriblement attractive

Julien Soulier : « Toutes les petites coquetteries que notre langue a gardées, en termes de règles anciennes, d’étymologie latine, grecque ou d’autres langues, toutes nos règles alambiquées, c’est assez jouissif ».

Le français est un feuilleté d’histoire et un point de vue singulier sur le monde

La langue française porte en elle notre patrimoine historique et culturel :

Xavier Mauduit : « C’est une langue magnifique car porteuse d’une histoire, les mots que nous utilisons au quotidien racontent ce que nous sommes depuis des siècles, des millénaires. C’est ça aussi qui nous interpelle sans cesse avec la langue française, c’est le résumé de ce que nous sommes ».

LC : « C’est une des particularités de notre langue, cette dimension qui a soif de montrer que, justement, elle est patrimoniale. Quand on parle français, même si c’est un français contemporain, notre langue affleure toutes les autres périodes historiques ».

On a toute notre histoire qui tient dans notre bouche.

Julie Neveux : « La plupart des langues portent à la fois l’histoire et un point de vue sur le monde. Par comparaison aux autres, c’est sa fameuse clarté dont parle aussi Voltaire. Elle est claire, au sens où la construction de la syntaxe, l’ordre des mots, va refléter la répartition des rôles dans ce que vous essayez de décrire. Il y a une sorte de mimétisme de la situation que l’on retrouve dans la syntaxe. Ça donne une certaine clarté et surtout, ça accroche l’attention ».

Une langue à la musicalité silencieuse

LC : « Le français est une langue assez atone à la différence du russe ou de l’italien. La ponctuation et les lettres muettes sont une manière de faire chanter notre langue ».

XM : « Ces lettres muettes portent le sceau silencieux d’une origine lointaine qui n’a pas d’autre utilité que de transmettre son souvenir. Ces lettres muettes sont les dents de sagesse du vocabulaire ».

Avec nos invités :

  • Laure de Chantal, normalienne et agrégée de lettres classiques, spécialiste de la langue française et de l’Antiquité.
  • Xavier Mauduit, agrégé et docteur en histoire. Il est producteur sur France Culture pour Le Cours de l’histoire et chroniqueur sur Arte dans l’émission 28′.
  • Ils publient Notre grammaire est sexy: déclaration d’amour à la langue française – Editions Stock, 2021.
  • Julie Neveux, normalienne, agrégée d’anglais et maîtresse de conférences en linguistique à Sorbonne-Université, elle a publié Je parle comme je suis : ce que nos mots disent de nous : enquête linguistique sur le 21e siècle – Editions Grasset, 2020
  • Julien Soulié, professeur de lettres classiques, auteur et spécialiste de la langue française. Il est également formateur et membre du comité d’experts du Projet Voltaire, et co-auteur de Et cetera, et cetera : la langue française se raconte – Editions First, 2020 avec Mathieu la Mine.

Alice Develey, journaliste littéraire au Figaro.

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/grand-bien-vous-fasse/pourquoi-aimez-vous-la-langue-francaise-2688310
Vocabulaire
– un parcours semé d’embûches: pièges, obstacles

– l’agrégation: L’agrégation est un concours de recrutement national. Après validation de l’année de stage, elle permet d’exercer dans un établissement d’enseignement secondaire, supérieur ou de formation, dans les secteurs public ou privé sous contrat. Ce concours très sélectif requiert un entrainement rigoureux et anticipé.

Les ENS (écoles normales supérieures, dites « Normale Sup ») dispensent une formation en 4 ans de haut niveau, dans une vingtaine de filières : lettres et langues, sciences et technologies, arts et design, sciences humaines et sociales, droit, économie et management, sport… Il y en a quatre : PSL Paris (Ulm), Lyon, Paris-Saclay et Rennes.

1924-01

La promotion 1924 réunit Jean-Paul Sartre, Paul Nizan, Raymond Aron, l’historien Georges Canguilhem, le psychanalyste Daniel Lagache et le futur prix Nobel de Physique Louis Néel.

Querelle Sartre Camus:

La bataille d’Alger

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