Lundi 12 juin 2023 : Faith Ringgold, l’activisme des années 70, Echoes of Harlem et réécrire l’histoire de l’art avec « The French Collection »

L’ACTIVISME DES ANNÉES 1970

Dans la salle 0.2, un ensemble d’œuvres créées entre 1970 et 1971 témoigne de l’engagement politique de Faith Ringgold. Elle emploie trois éléments clés qu’elle décline selon le message à défendre : une composition géométrique qui s’inspire des tissus traditionnels Kuba originaires du Congo, une palette de rouge, vert et noir, aux couleurs du panafricanisme (1), et l’emploi du lettrage qui structure l’œuvre autour de quelques mots.

Dans le contexte internationaliste qui porte l’indépendance des anciennes colonies africaines et la contestation de l’impérialisme américain, ces œuvres manifestent le caractère indissociable entre création et engagement chez Faith Ringgold.
Au cours de cette période, son activisme porte les revendications du Black Power à travers des séries d’affiches.
Elle apporte son soutien à des figures militantes comme Angela Davis, membre du mouvement Black Panthers fondé en 1966, philosophe et militante communiste, l’une des figures emblématiques du mouvement.

À la suite de son arrestation et de son emprisonnement en 1970, des comités de soutien se mettent en place. Les œuvres America free Angela ou Women Free Angela réalisées en 1971 montrent la façon dont l’artiste utilise des combinaisons graphiques pour porter un slogan. Ici, elle insère le lettrage à l’intérieur de douze triangles qui répètent efficacement chaque mot, à l’endroit et à l’envers. L’alternance de contrastes créée par le noir et le jeu des complémentaires rouge et vert rythme avec force la composition.

  1. Le panafricanisme est un mouvement intellectuel et une idéologie politique qui défend l’unification des pays africains en une seule nation pour lui assurer une indépendance. Par ailleurs, il encourage le rapprochement et la solidarité entre Africains et les communautés de la diaspora comme les Africains-Américains.
  • Que représente la salle 02 de l’exposition ?
  • Quels éléments utilise-t-elle ?
  • A qui apporte-t-elle son soutien ?

ECHOES OF HARLEM

L’œuvre Echoes of Harlem, visible dans la salle 0.4, est le premier quilt réalisé par l’artiste en collaboration avec sa mère. L’artiste prolonge ainsi ses recherches sur une nouvelle manière de peindre qui corresponde à sa réalité.

La mosaïque de visages qu’elle rassemble à travers les portraits peints sur toile sont entourés de pièces de tissus imprimés cousues. La composition en damier présente les visages de face et de profil comme s’ils étaient saisis à leur passage dans les rues de Harlem, incarnant la vie de ce quartier.

L’alternance de tons froids dans les gris bleu et chauds dans l’orangé contribue à rythmer cette galerie de personnages. Proches ? Ami.e.s ? Inconnu.e.s ?

Faith Ringgold convoque comme souvent dans son œuvre de nombreuses figures qui incarnent ici l’identité de Harlem.

On peut la mettre en relation avec les propos de l’écrivaine africaine-américaine Toni Morrison qui expliquait ainsi la genèse de son premier roman L’oeil le plus bleu : avoir écrit son livre pour pouvoir le lire, écrire pour raconter ce qu’elle voyait et qui n’existait pas dans la littérature.

L’œuvre pourrait faire penser à une sorte d’étendard où se déploient celles et ceux qui ont fait et font alors l’histoire de ce lieu emblématique de la culture noire américaine. Bien qu’elle initie un nouveau support de création avec le quilt, on reconnaît le style figuratif lié à l’art mural qu’elle a développé depuis la fin des années 1960 avec de grands panneaux peints.

  • En quoi cette œuvre diffère du travail qu’avait produit Faith Ringgold précédemment ? En quoi cette œuvre ressemble au travail qu’elle avait créé précédemment ?
  • Que représente cette œuvre ?
  • Pourquoi peut-on mettre cette œuvre en relation avec les propos de Toni Morrison ?

RÉÉCRIRE L’HISTOIRE

À la croisée des différentes problématiques abordées précédemment, les œuvres présentées dans la salle 0.5 permettent d’observer la dernière période de création de Faith Ringgold.

La série de douze peintures quiltées réunies sous le titre The French Collection réalisées en 1991 porte un regard critique sur les récits ethnocentrés et essentiellement masculins de l’histoire de l’art moderne établis en Europe.

Rappelons qu’en parallèle de sa carrière d’artiste Faith Ringgold a travaillé comme enseignante en art. Le regard qu’elle pose sur cette discipline historique ne consiste pas seulement à questionner certaines interprétations mais aussi à créer les conditions d’un autre récit où s’exprimerait une voix jusqu’alors muette ou inaudible.

Il s’agit pour l’artiste de questionner les angles morts de ces récits en imaginant un personnage féminin qu’elle met en scène à travers ces différents tableaux.

Le personnage de Willia Marie Simone, une jeune femme africaine-américaine de 16 ans quittant Harlem pour visiter Paris et alter ego de l’artiste, lui permet de revisiter des scènes considérées comme fondatrices de l’art moderne.

Elle complète l’image par le récit manuscrit du personnage qui écrit à sa tante Melissa restée aux États-Unis : sur les bords du quilt, on peut lire les impressions de la jeune femme au fil des étapes de son voyage et de ses différentes expériences artistiques qui la conduisent à s’affirmer en tant qu’artiste femme.

  • Dans quel but Faith Ringgold a-t-elle créé « The French Collection » ?
  • Production écrite : Imaginez les lettres que Willia Marie Simone a écrit à sa tante Mélissa en vous basant sur les quilts projetés.

 

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