« Uptight Negro »
Faith Ringgold a grandi dans le contexte du Black Arts Movement qui naît en 1965 comme un prolongement de la Harlem Renaissance, ses premières œuvres ont le même objectif : affirmer une esthétique africaine-américaine en rupture avec les stéréotypes racistes du regard blanc.
Dans l’un des portraits de la série Early Works #22: Uptight Negro [Noir coincé] de 1964, présenté dans la salle 0.1, deux visages sont enfermés en un seul, visible à l’envers comme à l’endroit.
Un lien peut être fait avec le concept de « double conscience » développé par William Edward Burghardt Du Bois.
Son ouvrage Les Âmes du peuple noir, publié en 1903, a marqué la pensée noire américaine et ouvert son champ de réflexion en déclarant que « le problème du XXe siècle est le problème de la ligne de partage des couleurs ». Par « double conscience », Du Bois désigne le dilemme qui se pose aux Africains-Américains : être à la fois noir et américain.
Le personnage ici représenté affiche deux expressions différentes.
L’artiste n’occulte aucune de ces deux appartenances et au contraire les rassemble dans cette composition, affirmant ainsi la légitimité de ces deux identités en une.
- Quel est l’objectif des premières œuvres de Faith Ringgold ?
- Que représente le tableau « Uptight Negro » ?
- Quel ouvrage explique ce concept ?
- Quel est le dilemme des Noirs Américains ?
L’ACTIVISME DES ANNÉES 1970
Dans la salle 0.2, un ensemble d’œuvres créées entre 1970 et 1971 exprime l’engagement politique de Faith Ringgold.
Elle utilise trois éléments clés qu’elle décline selon le message à défendre : une composition géométrique qui s’inspire des tissus traditionnels Kuba du Congo, une palette de rouge, vert et noir, aux couleurs du panafricanisme (1), et l’utilisation du lettrage qui structure l’œuvre autour de quelques mots.
Au cours de cette période, son activisme porte les revendications du Black Power à travers des séries d’affiches.
Elle apporte son soutien à des figures militantes comme Angela Davis, membre du mouvement Black Panthers fondé en 1966, philosophe et militante communiste, l’une des figures emblématiques du mouvement.
À la suite de son arrestation et de son emprisonnement en 1970, des comités de soutien se mettent en place. Les œuvres America free Angela ou Women Free Angela réalisées en 1971, l’artiste utilise des combinaisons graphiques pour porter un slogan.
Ici, elle insère le lettrage à l’intérieur de douze triangles qui répètent chaque mot, à l’endroit et à l’envers. L’alternance de contrastes créée par le noir et le jeu des complémentaires rouge et vert rythme avec force la composition.
- Le panafricanisme est un mouvement intellectuel et une idéologie politique qui défend l’unification des pays africains en une seule nation pour lui assurer une indépendance. Par ailleurs, il encourage le rapprochement et la solidarité entre Africains et les communautés de la diaspora comme les Africains-Américains.
- Que représente la salle 02 de l’exposition ?
- Quels éléments utilise-t-elle ?
- A qui apporte-t-elle son soutien ?
RÉÉCRIRE L’HISTOIRE
Les œuvres présentées dans la salle 0.5 permettent d’observer la dernière période de création de Faith Ringgold.
La série de douze peintures quiltées réunies sous le titre The French Collection réalisées en 1991 porte un regard critique sur les récits ethnocentrés et essentiellement masculins de l’histoire de l’art moderne établis en Europe.
Rappelons qu’en parallèle de sa carrière d’artiste Faith Ringgold a travaillé comme enseignante en art.
Il s’agit pour l’artiste de questionner les zones invisibles de ces récits en imaginant un personnage féminin qu’elle met en scène à travers ces différents tableaux.
Le personnage de Willia Marie Simone, une jeune femme africaine-américaine de 16 ans quittant Harlem pour visiter Paris et alter ego de l’artiste, lui permet de revisiter des scènes considérées comme fondatrices de l’art moderne.
Elle complète l’image par le récit manuscrit du personnage qui écrit à sa tante Melissa restée aux États-Unis : sur les bords du quilt, on peut lire les impressions de la jeune femme au fil des étapes de son voyage et de ses différentes expériences artistiques qui la conduisent à s’affirmer en tant qu’artiste femme.
- Dans quel but Faith Ringgold a-t-elle créé « The French Collection » ?
- Production écrite : Imaginez les lettres que Willia Marie Simone a écrit à sa tante Mélissa en vous basant sur les quilts projetés.