19 janvier 2021 : Le portrait photographique

Présentation par Eve Lepaon, conférencière et formatrice au Jeu de Paume

La photographie a transformé et prolongé les fonctions traditionnelles du portrait. Ce module invite à aborder les différents usages du portrait photographique, notamment sa dimension sociale, du milieu du XIXe siècle à nos jours. Il permet de revenir sur les éléments essentiels à l’enregistrement de l’image photographique, comme la lumière, le cadrage et le point de vue. Des propositions détournant les normes de représentation servent également à nourrir les échanges sur la place de notre image dans la société, la relation entre le photographe et son modèle, et les croisements de regards qui s’opèrent.

 Le portrait photographique

1. Ombre, projection et reflet

Anne-Louis Girodet, L’origine de la peinture, gravure, 1829
Oscar Rejlander, Le premier négatif, 1857
Dessiner dans la camera obscura, carte postale, vers 1830
Voir aussi…
André Kertész, Autoportrait, 1927
Le Caravage, Narcisse, 1598-1599
Edouard Manet, Un Bar aux Folies Bergères, 1881-1882

Jeff Wall, Picture for Women, 1979

 

2. Reconnaissance, preuve et norme

Eugène Disdéri, Portraits cartes de visites, vers 1860

Plusieurs photos plus petites, sur le même support (comme un Photomaton) : montre la position sociale (décor et habillement bourgeois).

Alphonse Bertillon, Fiches anthropométriques, vers 1894
Anthropo : « être humain »(du grec ancien ἄνθρωπος, ánthrôpos)
métrie : « mesure ; qui mesure »

anthropométrique = qui mesure l’homme

Le procédé est repris pour faciliter les contrôles de police. La préfecture de Paris utilise des fiches de renseignement où figurent les portraits et des éléments distinctifs (taille, caractéristiques physiques, empreintes digitales…).
→ avis de recherche

→ carte d’identité, passeport

Voir aussi...
Mathieu Pernot, Un camp pour les bohémiens, 1998-1999
Attribué à Disdéri, Communards, mai 1871
Bruno Braquehais, Commune, Colonne Vendôme, 16 mai 1871
Michael Schmidt, sans titres, photographies extraites de la série Ein-heit, 1989-1994

Mathieu Pernot, Photomatons, 1995-1997

 

3. Document, protocole et relation au modèle

Dorothea Lange, Damaged Child, Shacktown, Elm Grove, Oklahoma, 1936
Point de vue frontal : on a l’impression que le modèle nous regarde. Le portrait nous face à face avec une réalité sociale invisible.
Dans les années 1930, Lange et Evans répondent à une commande pour aller documenter les régions les plus touchées par la Grande dépression aux États-Unis. Les photos sont souvent accompagnées de texte précisant le contexte de la prise.

photo documentaire

August Sander, photographies extraites de la série Menschen des 20. Jahrhunderts [Les hommes du XXe siècle], 1920-1950
Les portraits documentent leur époque et la société ; les modèles posent dans leur environnement  ; vue en pied.

Valérie Jouve, Sans titres (Les Personnages), 1991-1995

Jouve et Pataut co-construisent les portraits avec leurs modèles ; ils mûrissent le travail ensemble, les photos sont le fruits de leurs échanges (2 auteurs / 2 acteurs).

Voir aussi…
Paul Strand, Blind Woman, New York, 1916
Walker Evans, Allie Mae Burroughs, Wife of a Cotton Sharecropper, Hale County, Alabama, 1936
Dorothea Lange, Ex-Slave with Long Memory, Alabama, vers 1937 ; Migratory Cotton Picker, Eloy, Arizona, 1940
Diane Arbus, Identical Twins, N.J., 1967 ; Two Ladies at the Automat, New York, 1966 et Lady Bartender at Home with a Souvenir Dog, New Orleans, 1964
Michael Schmidt, photographies extraites de la série Berlin-Wedding, 1978
Marc Pataut, Yannick Venot, Scherwiller, Alsace, juillet 1993, projet « Emmaüs », 1993

 

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